Les violences meurtrières récurrentes qui sévissent dans le pays et l’affaire Dr Succès Masra font encore la Une des journaux tchadiens de la semaine.
«Sous la 5e République, les Tchadiens meurent comme des mouches. Quel tort ont-ils causé à leur pays ces Tchadiens qui meurent, soit abattus avec des armes de guerre détenues par ceux qui n’en ont pas le droit, soit écrasés par de tacots qui circulent en ville, alors que leur place se trouve dans les fourrières ? », s’alarme l’éditorialiste de N’Djaména Hebdo. Plus grave, face aux tueries en masse, « le pouvoir laisse faire », s’émeut le journal Abba Garde qui publie à sa Une les images de cadavres qui jonchent le sol. Car, poursuit ce confrère « derrière les massacres de Mandakao, Molou, Mouray et Oregomel se dressent la mauvaise foi, la haine, la rancœur, l’incompétence et surtout l’indifférence des gouvernants ». Cet hebdomadaire note également que « les missions gouvernementales dans les zones de conflits relèvent d’une pure hypocrisie ». En conséquence, alerte ce même journal, « il faut s’attendre à d’autres crimes plus odieux qui conduiront inéluctablement le pays vers l’implosion ».
Mais le quotidien Le Progrès et le journal gouvernemental L’Info nous informent que les missions gouvernementales qui se sont rendues à Oregomel, dans la province du Mayo Kebbi Ouest, et dans le canton Molou, département d’Assoungha, Province du Ouaddaï, ont fait arrêter des présumés auteurs des tueries et leurs complices mis à la disposition de la justice. Toutefois, L’Info pense que ces réactions face aux violences meurtrières récurrentes ne suffisent pas et propose au gouvernement « d’imposer l’autorité de l’Etat ».
L’autorité de l’État et le respect des droits de l’homme sont intimement liés. Or, d’après N’Djaména Hebdo, arrêté suite au massacre de Mandakao, « Succès Masra passe plus d’un mois de détention » sans jugement. Cet hebdo publie à sa Une la photo du leader du parti Les Transformateurs qui est entrain de méditer sur son sort. Ainsi, Alwihda Info qui rapporte les propos du Collectif des avocats de Dr Masra tenus lors d’une conférence de presse, estime que « les procédures engagées à son encontre souffrent de graves violations des droits fondamentaux et des principes du procès équitable ». De ce fait, complète N’Djaména Hebdo, « le collectif exige la libération immédiate et sans condition de son client ».
Mais las d’attendre, « en prison, Succès Masra lance une grève de la faim », informe le Journal du Tchad. « Dès ce soir, en solidarité avec vous tous, et en protestation pour les injustices imméritées, j’entre en grève de faim pour exiger la libération des énergies de ce peuple prisonnier de ces injustices et inégalités. C’est le moyen que j’ai en prison », annonce Succès Masra dans une « lettre d’une prison du Tchad : Tous prisonniers des injustices et des inégalités » adressée le 24 juin dernier, au peuple tchadien et relayée par le journal Le Pays. Car, isiste-t-il, « ma liberté n’est pas plus importante que la liberté de tout le peuple, parce que ma vie n’est pas plus importante que la vie de chacun de vous. Si me maintenir en prison ad vitam aeternam pouvait résoudre tous ces défis, j’aurais été le candidat de 7 heure du matin », déclare Dr Succès Masra à notre confrère.
Ce cri d’alarme, analyse TchadInfos, « constitue un appel à l’unité, à la résistance et à l’espérance face aux défis qui enchaînent le pays. Il s’agit de : maladies, inondations, faim, chômage, soif, insécurité, corruption, népotisme et exclusions. ». En clair, argumente notre confrère, « le leader emprisonné réaffirme sa foi en un Tchad uni, où chrétiens et musulmans, hommes et femmes, agriculteurs et éleveurs, croyants et non-croyants avancent ensemble vers un avenir digne ».
Mais le mal que vivent les Tchadiens est très profond. En attendant que tout explose, si rien n’est fait, les descendants des Sao meurent plus que des mouches ! Pour que vive la 5e République », soupire l’éditorialiste de N’Djaména Hebdo.
Alphonse DOKALYO
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