Les quartiers de la capitale tchadienne ressemblent déjà à des îles juste aux premières grosses pluies du 1er et 2 juin. Certains sont aussitôt inaccessibles. Il devient très pénible de se frayer un passage sec ou sain. On se souvient encore des dégâts colossaux qui ont touché durement 18 provinces sur les 23 l’année dernière. L’ampleur du désastre humain est insupportable. Des milliers de personnes ont perdu leurs maisons, leurs moyens de subsistance, et, pire encore, leurs proches. Les images des corps flottant sur les eaux boueuses, des familles désespérées cherchant refuge sur des toits fragiles, hantent encore nos esprits. Ce n’est pas simplement une question de chiffres ; ce sont des vies brisées, des communautés dévastées, un avenir incertain pour des générations.
A défaut d’une anticipation censée aider à prévenir les conséquences des problèmes, il est de la responsabilité du gouvernement de trouver des solutions à ceux qui se présentent. Mais que fait-on chez nous ? On a l’impression que c’est tout à fait le contraire des choses. Pour tout ce qui concerne les inondations, aucune anticipation ou presque. Aucune réflexion préalable pour comparer ce qu’entraîneront les conséquences et qu’on tirera des leçons. Mais ce que l’on ne parviendra pas à comprendre, c’est cette tendance à commettre les mêmes erreurs sans tirer la moindre leçon du passé.
En effet, l’ampleur des dégâts causés par les inondations montre l’urgence de l’élaboration d’un plan de contingence pour gérer les catastrophes. Le manque de prévision et de préparation adéquate a aggravé les conséquences des pluies torrentielles. Des systèmes d’alerte précoce, couplés à des plans d’évacuation bien préparé et régulièrement testés, sont nécessaires. L’investissement dans des infrastructures résistantes aux inondations, telles que des digues renforcées et des systèmes de drainage rapides, est également important. Une bonne cartographie des zones à risques permettrait une planification urbaine rigoureuse et une gestion plus rationnelle de l’occupation des sols.
La coordination entre les différents acteurs impliqués dans la gestion de la crise est un facteur déterminant pour atténuer ses effets. Une collaboration étroite entre le gouvernement, les organisations non gouvernementales (ONG), les agences internationales et les communautés locales est indispensable pour une réponse appropriée et coordonnée. Un cadre institutionnel clair, définissant les responsabilités de chacun, permettra d’éviter les chevauchements et les incohérences.
Il incombe au gouvernement de mettre en place une politique publique bien élaborée de gestions des catastrophes, de mobiliser les ressources nécessaires et d’assurer la bonne gestion des fonds alloués face aux crises. La nomination des hommes et des femmes dotés de probité morale irréprochable sont des éléments déterminants pour garantir l’efficacité et l’efficience de l’action publique. Une participation active de la société civile dans le processus de décision est également importante pour assurer une prise en compte des besoins des populations.
La bonne gouvernance est un pilier fondamental pour renforcer la résilience du Tchad face aux catastrophes naturelles. Cela implique une gestion rationnelle des ressources publiques, une participation citoyenne active et un respect des droits humains. L’éducation des populations sur les risques d’inondations et les mesures de prévention sont également à privilégier pour renforcer leur capacité à se protéger. Une bonne gestion des ressources en eau, la lutte contre la déforestation et le surpâturage contribueront à réduire la vulnérabilité du pays face aux inondations. Des investissements dans la recherche et le développement de technologies appropriées pour la gestion des eaux pluviales et fluviales sont également nécessaires. Relever ce défi bouscule beaucoup de façon de voir et des comportements antérieurs. L’avenir du Tchad dépend de sa capacité à relever ces défis et à construire un avenir sûr et durable.
Dieudonné Pechene
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