Le jeune écrivain et journaliste au Cefod, M. Dionto Ndilmbaïdjé Kevin a dédicacé son tout premier livre intitulé « Et si je me tais ! » dans la salle multimédia du Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) ce samedi 21 juin 2025, sous le haut patronage de M. Alain Michel Tang, Directeur Général du CEFOD.

Un premier cri littéraire mûri dans le silence de l’observation

L’œuvre, parue aux Éditions Toumaï, se présente comme un récit autobiographique, à la fois intime, lucide et engagé. Elle explore les profondeurs de l’enfance, les blessures de l’adolescence et les désillusions de la vie universitaire.

Le présentateur officiel de l’auteur, Dr Tatoloum Hondé Bertin, a ouvert le bal par un portrait du jeune écrivain. Il a salué « le courage d’un homme qui a refusé le silence complice, et qui a choisi de dire, avec dignité, ce que beaucoup préfèrent cacher. » Il a rappelé aussi que le jeune écrivain est né à Mbaïkoro en 1999. Il a été formé en linguistique et en accompagnement psychosocial. Il est engagé aujourd’hui comme journaliste à la radio CEFOD.

Une œuvre autobiographique aux résonances universelles

Plus qu’un simple témoignage, « Et si je me tais ! » est un véritable miroir tendu à la jeunesse tchadienne, particulièrement celle des campus. On y retrouve la tendresse d’une mère héroïque, le poids d’une éducation paternelle exigeante, des amours naissantes et souvent douloureuses, mais aussi l’amère réalité des dérives universitaires : notes sexuellement transmissibles, harcèlement, manipulations, détournement de conscience et d’argent, vengeance académique ou encore avortements clandestins.

Dans son analyse critique, Dr Aimé Badjam Yan-Tchamsi a salué une écriture à la fois lyrique, imagée et engagée, mettant en avant la richesse des figures de style et la force émotionnelle du récit. Il a qualifié le texte de véritable fresque éducative et sociale, capable de toucher au-delà du cadre tchadien.

Un cri littéraire, un acte éducatif

L’un des temps forts de la cérémonie fut l’intervention de Béral Mbaïkoubou, qui a défendu une lecture humaniste et existentialiste de l’ouvrage. Selon lui, Dionto Kevin « trempe sa plume dans la blessure, mais une blessure utile à la guérison collective », en questionnant l’éthique de l’éducation, la responsabilité des enseignants, et la dérive de certains modèles d’autorité dans le système académique.

L’auteur, visiblement ému, a pris la parole à la fin du panel pour rappeler que « Et si je me tais ! » n’est pas un livre pour faire du bruit, mais une parole posée, « un appel à la conscience, à la responsabilité, et à l’intégrité ». Il a insisté sur le rôle de la plume dans l’éveil des consciences, se disant satisfait si ce livre « peut éveiller ne serait-ce qu’une seule conscience dans une salle pleine ».

Une promesse littéraire à suivre

La cérémonie s’est achevée par une séance de dédicace dans une atmosphère fraternelle. De nombreux participants sont repartis avec leur exemplaire du livre, certains émus, d’autres interpellés, mais tous convaincus que « Et si je me tais ! » est une œuvre qui mérite d’être lue, partagée et discutée.

Avec cette première publication, Dionto Kevin inscrit son nom parmi les jeunes voix littéraires qui osent dire, oser dénoncer, et surtout, écrire pour construire.

 

Komna Marie Madeleine