La gestion des conflits intercommunautaires, avec leurs corollaires de massacres, est au cœur de l’actualité traitée par la plupart des journaux tchadiens de la semaine.
« La saison des massacres, du sang ». C’est en ces termes alarmants que l’hebdomadaire La Voix dresse le bilan macabre du cycle infernal de violences dans le pays. Notre confrère qui croyait que le massacre de Mandakao dans le Logone Occidental est un cas isolé, se dit aujourd’hui surpris par la multiplication d’autres cas de meurtres de jour en jour à travers le pays. Il dénombre « près d’une centaine de morts en moins de trois mois ». Plus grave ; s’indigne cet hebdomadaire, « les criminels filment leurs actes et postent sur les réseaux sociaux sans être inquiétés ». De ce fait, « la peur gagne les villages, la tension monte, les populations s’interrogent », s’alarme La Voix.
Dans la même logique, rapporte TchadInfos, « a peine un mois après la tragédie de Mandakao, « le canton de Molou, département d’Assoungha, Province du Ouaddaï, a subi, à son tour, entre le 10 et 14 juin, une série d’attaques meurtrières faisant 16 morts et des blessés graves ». Comme à Mandakao, le quotidien Le Progrès nous informe « qu’une mission gouvernementale s’est rendue dans le canton de Molou pour apporter un soutien moral de l’Etat aux familles endeuillées, constater l’ampleur des dégâts et renforcer les mesures déjà prises ». Dans la foulée, selon le Journal du Tchad, « 08 suspects ont été arrêtés et remis à la justice à N’Djaména ». D’après La Voix, ces arrestations ne sont que trompe-l’œil et que « des actes concrets du gouvernement se fait toujours attendre ».
Eu égard à ce constat décevant, L’Observateur se demande : « jusqu’où cette situation conflictuelle et d’insécurité permanente va conduire le pays ? ». En tout cas, pense ce journal, cette spirale de violence au Tchad est la résultante « du laxisme du gouvernement dans la gestion des conflits intercommunautaires ». Car, confirme Alwihda Info qui cite le Président de la République, « les cas d’insécurité enregistrés ces derniers jours à Mandakao, Molou et Dar-Salim dans le Salamat, ne sont rien d’autres qu’une faille sécuritaire et administrative avérée ». Du coup, enchaine ce même journal, « Mahamat Idriss Déby Itno menace de limoger les responsables défaillants, lors de la réunion consacrée à la sécurité des biens et des personnes ».
Ainsi, avance le journal La Voix, « la gestion du conflit foncier survenu à Mandakao met le Procureur de la République, près du tribunal de première instance de N’Djaména, dans la confusion totale ». Selon le journal Le Visionnaire, « Oumar Mahamat Kédélaye, s’en est ouvertement pris aux journalistes et aux acteurs des organisations de la société civile, suite à leur descente sur le terrain ». Il déclare dans les colonnes de N’Djaména Hebdo en ces termes : « Certains journalistes et membres de la société civile se permettent de se rendre de leurs propres initiatives, à Mandakao (…) pour interroger certains habitants de ce village. Cette affaire est en cours devant les juridictions compétentes (…). Toute démarche parallèle est susceptible de constituer un empiètement sur les fonctions judiciaires (…) et pourrait éventuellement exposer son auteur à des poursuites judiciaires ».
Cette déclaration d’Oumar Mahamat Kédélaye, faite le 14 juin dernier, lors d’une sortie médiatique, a été qualifiée par nos confrères de menace à la liberté de presse. Et cela a provoqué la colère de chacun qui l’exprime en sa manière : « Kédélaye met le bâillon à la presse. Après avoir mis nos confrères à la maison d’arrêt de correction de Kléssoum où ils attendent depuis plus de trois mois leur jugement, le Procureur de la République cherche à faire taire la presse tchadienne, s’alarme L’Observateur. De ce fait, « Kédélaye est le nouveau casseur de la plume », s’exclame le journal Le Visionnaire qui fait ici allusion à l’ancien ministre de la Sécurité publique Mahamat Bâchir qui était à l’époque surnommé, « casseur de plume ». Mieux, « le censeur des libertés », lit-on à la Une de N’Djaména Hebdo. Et « un procureur de la République liberticide », renchérit ce même confrère. « La liberté de presse n’est pas à négocier et que les menaces ne serviront à rien », fulmine Gotingar Serge Manassé, secrétaire général de l’Union des Journalistes Tchadiens (UJT), dont les propos sont recueillis par N’Djaména Hebdo. En un mot, fait savoir l’éditorialiste de cet hebdomadaire, c’est « une dérive totalitaire ». Et « à pas sûr alerte N’Djaména Hebdo, le Tchad est en train de s’acheminer vers un Etat de non droit. Vers une république bananière ! Car, à l’allure où vont les choses, les porte-paroles des sans voix seront tous étouffés. Les défenseurs des droits de l’homme n’auront plus droit au chapitre ». Et « que restera-t-il d’un pareil pays ? », s’interroge N’Djaména Hebd
Alphonse DOKALYO
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