L’interpellation de Dr Masra Succès suite au massacre de Mandakao, village situé à 18 kilomètres de Beinamar dans la province du Logone Occidental, focalise l’attention des journaux tchadiens de la semaine.
« Conflit meurtrier à Mandakao », s’exclame à sa Une l’hebdomadaire N’Djaména Hebdo. Suite à ce drame, nous renseigne le Journal du Tchad, « Succès Masra a été arrêté et placé en détention préventive à la maison d’arrêt de Klessoum le 21 mai par le juge d’instruction, après son audition par le Procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djaména ». D’après le quotidien Le Progrès, « ce conflit intercommunautaire survenu le 14 mai 2025 dans le village Mandakao a fait 42 morts ». Hum ! « Des morts de trop ! », s’apitoie le journal Le Visionnaire. Cependant, analyse N’Djaména Hebdo, « ce qui s’est joué à Mandakao, dépasse un simple conflit foncier entre éleveurs et agriculteurs. C’est un miroir de fractures profondes d’un pays où l’ethnie, la géographie et l’accès au pouvoir se croisent dans un cocktail explosif ». En clair, insinue ce journal, « ce que révèle l’affaire Masra, au fond, ce n’est pas seulement la fébrilité d’un régime, c’est le vide institutionnel d’un pays qui peine à garantir à ses citoyens les droits les plus élémentaires : la sécurité, la justice, la représentation ». Mais dans tout ça, révèle le Journal du Tchad, « Oumar Mahamat Kedelaye accuse Succès Masra d’être impliqué dans ce massacre ». Il est accusé par ce dernier « d’incitation à la haine », « complicité d’assassinat » et « profanation des sépultures », entre autres. Pour répondre de ces chefs d’accusation, L’Observateur rapporte que « le leader du parti Les Transformateurs a été enlevé chez lui, le vendredi 16 mai 2025, aux environs de 5 heures du matin par des hommes en treillis, lourdement armés, et conduit à la police judiciaire ».
D’après le quotidien Le Progrès qui cite ce même Procureur : « les enquêtes menées par la police judiciaire ont révélé l’implication de M. Masra Succès, et cela à travers des messages diffusés sur les réseaux sociaux appelant la population à s’armer contre d’autres citoyens. Comme conséquences dramatiques (…) le bilan fait état de 42 victimes, majoritairement des femmes et des enfants ». Soit, signale L’Observateur, « les avocats dénoncent une cabale politico-judiciaire contre Masra et demandent la libération immédiate de leur client ». Car, renchérit N’Djaména Hebdo, « dans cette affaire, tout est politique ; le silence sur les responsabilités du massacre, l’audio mystérieux à l’origine floue, le procès annoncé ». Mieux, lâche le vice-président du parti Les transformateurs Dr Ndolembaye Sadé Djéssada dans les colonnes du journal Le Visionnaire, « l’arrestation de l’ancien Premier ministre est une machination politique orchestrée par ceux qui entourent le président de la République et dont l’ultime but est de satisfaire leurs intérêts égoïstes », Par conséquent, « le président Masrra doit jouir de sa liberté totale sans condition », poursuit-il. Dans le même sillage, Alwihda info annonce « qu’un collectif d’avocats français établis à Paris décide de se joindre à leurs confrères tchadiens dans la défense de l’opposant. Ils dénoncent dans un communiqué en date du 21 mai : « une procédure totalement politique et entendent saisir l’ONU ». Mais le gouvernement tchadien s’y oppose. Du coup, cela engendre « un bras de fer entre le gouvernement et les défenseurs français de Succès Masra », mentionne le Journal du Tchad.
Dans tous les cas de figure, nous signale le Journal du Tchad, « l’ancien Premier ministre Pahimi Padacké Albert, actuellement chef de file de l’opposition politique, exige clarté et respect du droit. De ce fait, déclare le président du Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT-Le Réveil) « nous exigeons : soit la libération immédiate du président Masra Succès, soit la présentation rapide et publique de preuves irréfutables des accusations portées contre lui ».
Que nenni ! « Masra a été placé en détention préventive ». Mais N’Djaména Hebdo fait savoir que « l’arrestation de Masra fait craindre non une quête de justice, mais une tentative de décapitation politique ». Et « la méthode est connue. Elle a un nom : neutralisation légale. De Sonko au Sénégal à Bobi Wine en Ouganda, les régimes autoritaires d’Afrique ont affiné cet art de l’élimination par la loi. Des chefs d’accusation taillés sur mesure, une justice docile, un procès annoncé mais jugé d’avance », rappelle notre confrère. Tout de même, avertit ce même journal, « quand la justice vacille, la nation chancelle ». Aux dires de ce même confrère, « Masra Succès, longtemps perçu comme le visage neuf de l’opposition tchadienne, paie aujourd’hui ses errements politiques ». Ainsi, résume-t-il, « Masra Succès : de l’espoir à l’errance politique ». De ce fait, Le Visionnaire perçoit Masra comme « l’holocauste » dans le microcosme politique tchadien.
Entretemps, constate l’hebdomadaire Abba Garde, « les ménages tchadiens tirent le diable par la queue. Sur les marchés de N’Djaména, détaille cet hebdomadaire, « des prix des denrées de première nécessité flambent ». De plus, « les coupures d’électricité pèsent lourdement sur le petit commerce. Cybercafés, vendeuses de poison, restaurants, tous font face à une explosion de leurs charges, entre achat de carburant pour les générateurs et glaces pour la conservation des aliments ».
En considération de cette situation sociopolitique, Le Visionnaire conclut avec le président du parti Les Démocrates, Pr Avocksouma Djona Atchénemou que « L’avenir du Tchad est sombre ».
Alphonse DOKALYO
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