L’absence de l’autorité de l’Etat, source de tous les maux, dont souffre la société tchadienne, polarise l’actualité traitée par les journaux de la semaine.
« L’autorité de l’Etat bafouée (!) ? », titre sa à Une le journal La Voix, en considération de l’accord de paix signé le 20 avril 2025 à Bardaï, entre le gouvernement et le Comité d’autodéfense de MisKi. Notre confrère nous rappelle que « cet énième accord de paix entre ces deux parties intervient après deux autres signés en 2019 et 2023 ». De ce fait, il juge inadmissible que l’Etat garant de la souveraineté et de la sécurité pour tous, soit contraint à signer un accord de paix avec un Comité d’autodéfense.
A ce titre, N’Djaména Hebdo, d’un ton ironique, écrit à sa Une « Miski, une république dans une République !». Et, pour corroborer ces propos, Le journal La Voix affirme « qu’à cause de tensions, les services de l’Etat sont quasi absents dans cette localité qui évolue comme une entité autonome ». Dans ce cas, « la République est-elle encore indivisible lorsque certains territoires obtiennent par la pression ou la force des droits refusés à des populations d’ailleurs ? », s’enflamme N’Djaména Hebdo. Cet hebdomadaire cite en exemple, le Logone oriental, le Mayo-Kebbi Ouest, le Batha ou le Moyen-Chari où l’or et le pétrole sont également extraits, mais dans certaines zones, surtout au Sud du pays, les contestations sont systématiquement réprimées.
En agissant ainsi, s’indigne ce même journal, l’Etat crée un déséquilibre dans le traitement des revendications. Et cela soulève des questions : « pourquoi l’Etat tchadien choisit-il de dialoguer avec certains et réprimer d’autres ? Pourquoi une rébellion locale à Miski devient-elle un partenaire de paix, tandis que des voix civiles ailleurs, sont étouffées dans l’œuf ? L’impression d’un « deux poids, deux mesures » s’installe. », grommelle N’Djaména Hebdo.
En vertu de « deux poids, deux mesures », Abba Garde dénonce des déguerpissements tous azimuts sans management des commerçants et des débrouillards occupant des domaines publics, opérés par le nouveau maire du 10é arrondissement de la ville de N’Djaména Mahamat Khalil Abdelkérim, alors que le ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat Mahamat Assileck Halata s’est attribué 11 lots sur 300 morcelés à Grédia champ de fils au quartier amriguébé. Et sur les 5 hectares réservés à la construction du siège de Palais de justice de N’Djaména, il a irrégulièrement attribué un hectare à son journal « Le Tchadanthropus ». Ce faisant, Mahamat Assileck Halata, apparait aux yeux de Abba Garde comme « un redoutable djihadiste foncier ». Mais ironie du sort, relève Alwihda Info, « Mahamat Assileck Halata met en garde les occupants illégaux du terrain connu sous le nom d' »Abou Zenaba » situé dans le 4e arrondissement de la ville de N’Djaména ». « Ce site est d’utilité publique. Ceux qui prétendent que ce terrain leur appartient, devront répondre de leurs actes », a martelé le ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Dans le même chapitre, signale le même confrère, « des individus, avec la complicité présumée des agents de cadastre, morcèlent une partie du cimetière de Toukra pour la vendre à des particuliers. Pire, s’insurge le journal Abba Garde, face à cette profanation organisée des tombes, les autorités observent un silence.
De même, à cause de l’absence de l’autorité de l’Etat, « La corruption a le vent en poupe dans les arcanes de l’administration publique », tandis que « les accidents de circulation crée l’hécatombe sur la voie publique », s’indigne, de son côté, L’Observateur. « L’insécurité persiste et prend de l’ampleur avec le phénomène de faux et usage de faux et faux en écriture et devient donc inquiétante. De l’anarque en ligne à la fabrication de faux billets de banque en passant par la délivrance de fausses quittances et la falsification des documents administratifs », s’alarme L’Info.
Face à l’inaction du gouvernement, « l’assemblée nationale reste inerte », constate L’Observateur. « Tout ce qui est audible en ce moment à l’hémicycle, ce sont les sirènes du cortège du président de l’Assemblée nationale à son arrivée et à son départ du Parlement », se gausse notre confrère. Pour cause, explique-t-il, « cette institution qui devrait jouer un rôle très important, n’a pas en son sein des personnalités qui ont le gabarit requis, pour constituer un poids devant l’Exécutif ». Eu égard à cette situation, Abba Garde se demande : « Que reste-t-il de la fragile démocratie tchadienne ? ».
Alphonse DOKALYO
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