La plupart des journaux tchadiens parus dans la semaine dénoncent l’inertie des pouvoirs publics à l’origine de l’insécurité généralisée dans le pays.

« Plus de 1000 morts sous la transition ». C’est la machette de N’Djaména Hebdo. De façon exacte, « 1007 meurtres enregistrés en quatre ans », éclaire le quotidien Le Progrès. Nos deux confrères rapportent ainsi le bilan des conflits meurtriers au Tchad durant la transition, présenté par le Centre de recherche en anthropologie et sciences humaines (Crash). Pour démontrer l’ampleur de ces drames, N’Djaména Hebdo et Le Progrès affichent respectivement, chacun à sa Une, les photos des corps jonchant le sol et des habitations incendiées. « Ce n’est pas tout, N’Djaména Hebdo nous informe qu’il y a « plus d’une trentaine de personnes tuées par les éléphants qui sèment la terreur au Sud du Tchad ». Même à N’Djaména poursuit ce même journal, « de fin 2024 à ce mois d’avril 2025, pas moins de 05 personnes ont été tuées par les hippopotames ». Dans tout ça, « l’autorité laisse faire. Comme pour dire que la vie des animaux vaut mieux que celle d’un Tchadien » déplore cet hebdomadaire. 

Pire, nous renseigne Alwihda Info, « à N’Djaména, trois militaires, accusés d’implication dans une série de braquages dans la ville, ont été arrêtés par la police ». Notre confrère cite nommément Abdelkerim Abdelchafi Malik du Groupement Mobile d’Intervention de la Police (GMIP), Mahamat Adam Ibrahim de l’Armée Nationale et Halabo Théophile du Groupement Mobile numéro 10.  Ainsi, pris entre l’étau de l‘insécurité perpétrée par des hommes et l’enclume des animaux, le Tchadien ne sait à quel saint se vouer », soupire N’Djaména Hebdo.

De plus, affirme Abba Garde, « la jeunesse sombre dans l’alcool » du fait de l’incapacité de l’Etat à réguler la consommation des boissons frelatées. Car, se gausse notre confrère, « le gouvernement est trop saoul pour appliquer sa propre décision ». Pourtant, s’indigne-t-il, la consommation de ces boissons frelatées fait des ravages dans le pays. Pis, « l’ivrognerie des mères allaitantes a une influence négative sur l’éducation et la santé des nourrissons », se lamente l’hebdomadaire.

Allant dans le même sens, Abba Garde fait observer que, près d’un mois après l’interdiction de l’importation et la commercialisation des emballages plastiques (léda) par le maire de N’Djaména « Sénoussi Hassana Abdoulaye, cette décision est peu suivie par la population ».  Dans certains marchés, renseigne notre confrère, les sachets plastiques sont toujours utilisés librement ». Or, déplore-t-il, « la pollution plastique constitue une menace croissant pour l’environnement ». De même, avance L’Observateur, « la pénurie du gaz butane qui perdure à N’Djaména » est à mettre à l’actif du laxisme des pouvoirs publics.

C’est dans ce contexte de l’absence de l’autorité de l’Etat que le quotidien Le Progrès nous informe que la mairie de N’Djaména consulte les citoyens sur la lutte contre les inondations, l’insalubrité et autres défis de la capitale. Et justement, pour combattre les inondations, L’Info conseille de prendre des mesures en amont. Malheureusement, analyse ce journal gouvernemental, jusqu’à nos jours, « la digue de wallia situé dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djaména, dont la construction devait s’achever dans six mois, est toujours en chantier et s’est d’ailleurs fortement dégradée, les canalisations de drainage des eaux pluviales ne sont pas toujours curées, les bassins de rétention pas encore apprêtés ». Et « l’on attend que la catastrophe s’installe avant de s’agiter comme pour dire que l’on agit en faveur des populations sinistrées », regrette L’Info.

Il en est de même pour la vente de médicaments de rue interdite, mais qui continue à prospérer, cela à cause l’inertie du gouvernement, nous signale Abba Garde. Toutefois, tempère notre confrère, « dans un Tchad où l’accès aux soins demeure un luxe pour une grande partie de la population, les vendeurs de médicaments de rue, appelés communément Dr Coukou ou encore Dr Djim, qui soignent là où l’Etat a échoué, apparaissent comme une alternative populaire. Mais « qui leur en veut ? », s’interroge Abba Garde.

Pourtant, « gouverner, c’est anticiper, mais les autorités sont plus préoccupées par la conservation de leur pouvoir que le bien-être de leurs administrés, constate le journal L’Opinion. « Dans tous les domaines, le pays reste à la traîne, condamné à une pauvreté endémique par l’inaction des dirigeants qui se complaisent dans leur immobilisme », s’alarme notre confrère.

Alphonse DOKALYO