Cette semaine, nos confrères font le zoom sur la gouvernance à l’ère de la 5e République au Tchad.

« La clé de l’hypothèque qui pèse sur le Tchad c’est Mahamat Idriss Déby. Mieux que son père, il a réussi le tour de force d’avoir tous les leviers du pouvoir. Que ce soit l’armée, le parti, le pouvoir législatif, tout est entre ses seules mains », lâche N’Djaména Hebdo qui cite ainsi Laona Gong Raoul.

A en croire nos confrères, le Tchad fait face aujourd’hui à la corruption, à l’injustice, au détournement de deniers publics, à la cherté de vie, à une crise politique, à l’insécurité, etc. Au dire de N’Djaména Hebdo, le chef de l’Etat dispose donc de tous les pouvoirs pour éradiquer ces fléaux qui hypothèquent dangereusement le développement de son pays. Malheureusement, de l’avis de l’hebdomadaire Abba Garde, Mahamat Idriss Déby perpétue ces maux-clés du Tchad.

« A bien des égards, avance-t-il, la corruption prend tout à la fois, racines profondes et corps dans l’appareil d’Etat, le détournement des derniers publics se décline en plusieurs axes et l’injustice gagne tous les étages et sape le vivre-ensemble harmonieux des Tchadiens. En un mot, argumente notre confrère « Mahamat Idriss Déby, c’est l’apôtre de la mauvaise gouvernance ».

Sur le plan politique, renchérit L’Observateur, « le Tchad fait face à une léthargie politique sans précédent ». De ce fait, « les acteurs politiques tant du côté du pouvoir que de l’opposition, brillent par leur absence sur la scène », constate notre confrère. Pire, renforce-t-il, le pouvoir apparemment ne contrôle rien, mais attend à ce qu’il est un événement avant de réagir. Pourtant, « gouverner c’est prévoir », martèle l’éditorialiste de N’Djaména Hebdo.

Et en négligeant cette donne, estime Abba Garde, « les revenus issus de l’exploitation artisanale de l’or dans les provinces du Tibesti, du Batha, du Mayo-Kebbi Ouest, évalués à 500 milliards francs CFA par an, échappent à tout contrôle citoyen ». Pourtant, « ce fonds considérable pourrait être utilisé pour bâtir des hôpitaux, des écoles et créer des emplois », regrette ce journal d’informations générales. Aujourd’hui, sur les marchés de N’Djaména, renseigne le quotidien Le Progrès, « le prix d’un gramme d’or brut atteint 53 000 Fcfa ».

Dans cette même optique, rapporte la revue Tchad et Culture, à cause de la gestion occulte et patriarcale, la société nationale d’électricité (SNE) se retrouve aujourd’hui endetter à plus de 50 milliards de francs CFA. De plus, avoue Saleh Ben Haliki, Directeur Général de la SNE, à la revue, « la maintenance d’un groupe électrogène confiée à un marabout, qui, au bout de 3 ans, aurait empoché la rondelette somme de plus de 7 milliards de francs CFA.

Dans la même lancée, ne rien prévoir a occasionné l’effondrement d’un mur de l’école publique dans la ville de Pala, logée dans une bâtisse datant des années 40, ayant causé la mort de 5 élèves et des blessés dont un enseignant, informe N’Djaména Hebdo.

 Sur le plan de la sécurité, analyse L’Info, ne rien prévoir sape les efforts dans la lutte contre l’insécurité. Du coup, l’insécurité règne en maître incontestée dans la ville de N’Djaména, pourtant le cœur de l’appareil sécuritaire du pays, constate ce journal gouvernemental. Dans le même chapitre, relève N’Djaména Hebdo, « malgré les multiples dispositions prises par les autorités en charge du secteur pétrolier à l’effet de normaliser la distribution, les foyers subissent la pénurie du gaz butane ». Aussi, « dans plusieurs provinces du Tchad, soutient Abba Garde, cette rareté de gaz est accompagnée d’une flambée des prix ».

C’est dans ce contexte que L’Observateur annonce qu’« un probable remaniement gouvernemental en vue ». De l’avis de ce confrère, le président du Parti les Transformateurs, Dr Succès Masra Assiyongar pourrait intégrer ce nouveau gouvernement. Mais à quel poste ? Là la grande interrogation, lâche L’Observateur. Dans le même sens, le journal Le Citoyen affirme que certains « ministres se croient supérieurs aux autres. La preuve est qu’il y a les gens qui n’acceptent pas qu’on les remplace, car une fois ministre, on doit le demeurer jusqu’à la mort ». Et « leur sentiment d’impunité semble reposer sur trois piliers : le pouvoir, l’argent et la proximité avec le président de la République, regrette Le Citoyen.

Dès lors, « aujourd’hui, les clivages sociaux sont trop profonds. Des individus pillent, pas en termes de millions mais des centaines de milliards de francs CFA. Comment vous pouvez avoir l’adhésion populaire quand vous pillez de façon outrancière comme ça ? Que Mahamat Idriss Déby puisse rapidement se réconcilier avec son peuple. Seul un peuple uni peut amorcer son développement. Sinon le pire n’est pas à écarter », conseille Laona Gong Raoul dans les colonnes de N’Djaména Hebdo.

Alphonse DOKALYO