Cette semaine, nos confrères font le décryptage du message de vœux du chef de l’Etat à l’occasion de l’Aid Al fitr, dans lequel il va en guerre contre les détournements des deniers publics, la corruption et l’insécurité qui ternissent l’image du Tchad.
« Amdjarass, source d’inspiration présidentielle », lâche le journal Ialcthad. Comme son feu père, rappelle ce confrère en ligne, Kaka a séjourné à Amdjarass pendant le ramadan. À son retour à N’Djaména, à la veille de l’Eid al Fitir, il a fait des déclarations suivantes : « Ceux et celles qui entravent la marche du Tchad vers le progrès en se livrant au détournement de ressources publiques (…) seront poursuivis résolument sans la moindre pitié ». Et « J’appelle les hommes et les femmes en charge de la Justice dans notre pays à faire preuve de plus de fermeté et de rigueur dans l’application de la loi contre les auteurs de crimes et infractions qui troublent la tranquillité de nos compatriotes et compromettent leur sécurité », rapporte le journal Ialcthad. Ainsi, « Mahamat Idriss Déby Itno met en garde contre les mauvaises pratiques », résume le quotidien Le Progrès. Là-dessus, Le Visionnaire titre à sa Une : « Kaka face au kleptomanes ».
Pourtant, affirme Le Visionnaire, « la corruption et les détournements sont des critères d’ascension politique au Tchad ». Autrement dit, « au Tchad, plus on vole, mieux on est responsabilisé », éclaire notre confrère. A travers ce point de vue, ce journal estime que la corruption et les détournements sont non seulement ancrés dans les pratiques, mais aussi tolérés. A ce titre, Le Visionnaire nous rappelle, qu’« à l’occasion de la fête de ramadan en 2022, Mahamat Kaka, alors président de la transition », avait simplement prêché en ces termes : « les voleurs n’hériteront pas le royaume de Dieu ». Par cette déclaration, le chef de l’Etat a repris à son compte la supplication de son feu père Idriss Déby Itno selon laquelle « Vous avez assez volé. Arrêtez de voler », se souvient ce même journal. Donc, « c’est du déjà entendu ! », renchérit N’Djaména Hebdo.
Et « cette façon de faire revêt un caractère hypocrite pour voiler ce qui se passe véritablement, avec la bénédiction des plus hautes autorités qui disent une chose, mais font son contraire », regrette Le Visionnaire. Toutefois, le journal Ialcthad, lui, pense qu’il est très tôt de s’alarmer. « Notez ces promesses dans vos agendas. Parce que les détournements des deniers publics et la corruption, ce sont les deux maux qui empêchent le pays d’être un pays normal, qui empêchent les Tchadiens de croire en un Tchad juste et paisible. Ceux qui survivront l’an prochain feront les comptes », tempère notre confrère.
Mais N’Djaména Hebdo rebelotte : « A la justice, la corruption est devenue le moteur principal de l’enrichissement illicite de la plupart de ses fonctionnaires, tandis que l’injustice a pris le pas sur le dire droit, mais aucune action rigoureuse tendant à circonscrire ces deux maux n’a été entreprise », insiste cet hebdomadaire. A cet effet, « les huissiers dénoncent un Etat de non-droit et entrent en grève », renforce N’Djaména Hebdo. Du coup, « la justice est paralysée », relève Le Visionnaire. Pour sauver la justice, rapporte TchadInfos, « l’Ordre des avocats appelle à la ‘’moralisation’’ de la Cour suprême ».
Par ailleurs, affirme Le Visionnaire, « la récidive de braquages à N’Djaména est également à mettre à l’actif de la justice et la sécurité. D’un côté, explique notre confrère, « il se trouve que les mêmes auteurs arrêtés et remis à la justice, sont libres et opèrent à nouveau. De l’autre, des agents de sécurité sont d’intelligence avec les malfaiteurs. A qui incombe donc la responsabilité ? », se demande Le Visionnaire. Du coup, « A N’Djaména et dans tout le Tchad : bienvenue dans l’enfer de l’insécurité », soupire le journal La Voix.
Alphonse DOKALYO
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