« Lâche assassinat ! », « Un crime de trop », « Carnage », « Arrêtez de nous tuer ! ». Voici un florilège des Unes des journaux tchadiens de la semaine après le décès par balle de Haïtassidi Hinim-Bayna Jérémie devant la Présidence de la République.

Le 21 mars 2025, « Un comptable abattu devant le palais présidentiel », annonce le quotidien Le Progrès. Il a été tué par un tir de sommation de la garde présidentielle, alors qu’il se rendait vers son lieu de travail. « Son tort, révèle le journal Le Visionnaire, est d’avoir emprunté la voie en sens interdit ». Mais « quelle cruauté », s’emporte notre confrère. « Encore un crime odieux, un assassinat crapule d’un paisible citoyen à mains nues », regrette N’Djaména Hebdo. « Un crime de trop. Arrêtez de nous tuer !», enchaîne cet hebdomadaire.

Pour N’Djaména Hebdo, ce n’est pas pour la première fois que du sang a été versé devant la présidence. En date du 8 janvier 2025, rappelle notre confrère, « suite à la tentative de coup d’Etat perpétré par une vingtaine d’individus munis d’armes blanches », la riposte vigoureuse de la garde présidentielle s’est soldée par une dizaine de morts. Pourtant, éclaire- t-il, il s’agit de fait des jeunes en provenance d’un chantier, dont leur véhicule aurait connu une panne devant la présidence. Si c’est vrai, pourquoi « L’on en sait jusqu’alors où en est-on avec « l’enquête sur les pieds nickelés qui avait été diligentée ? », s’interroge N’Djaména Hebdo. Ces drames inspirent L’Observateur à titrer : « Avenue de la Présidence de la République, l’axe de la mort ».

Quoi qu’il en soit, tranche le journal Le Regard, « il ne se pas une seule journée sans que le Tchad ne soit le théâtre d’assassinats brutaux, de violences d’une rare cruauté ». Et « ce n’est pas un fait divers, ces criminels n’hésitent plus à agir en plein jour, en plein cœur de N’Djaména », s’indigne ce journal bilingue. De ce fait, s’alarme L’Observateur, « Les Tchadiens vivent avec la peur dans l’âme ».  Et ce même constat est fait par l’hebdomadaire Abba Garde et N’Djaména Hebdo. Ainsi, avec ces graves violations des droits de l’homme « le retour à l’ordre constitutionnel risque de s’apparenter au régime Habré, si l’on y prend garde », avertit N’Djaména Hebdo qui rapporte les propos de Me Midaye Guérimbaye.  A cette allure, « Je crois que c’est l’impunité qui fait le lit de tout ça ! », réagit, de son côté, Me Delphine Kemneloum Djiraïbé dans les colonnes de L’Observateur. Par conséquent, il faut « appliquer des mesures fortes » pour enrayer l’insécurité. Avec « le retour à l’ordre constitutionnel, l’heure est à la reconstruction », martèle le journal gouvernemental L’Info.  Sinon, renchérit Le Visionnaire, « cette situation d’insécurité met en péril, non seulement la stabilité nationale, mais aussi la survie même de 17 millions de Tchadiens ».

Sans tenir compte de cela, révèle ce journal bilingue, « les dupés de la transition se mordent les doigts. Ils sont payés en monnaie de singe », s’exclame notre confrère. Mais qui sont ces dupés ? Le Visionnaire les cite nommément : Mahamat Zène Bada Abbas, Laoukeïn Kourayo Médard, Mahamatt Allahou Taher et Dr Masra Succès.  A cette liste, L’Observateur ajoute Saleh Kebzabo. « Ces acteurs qui se sont donnés corps et âme à la réussite de la transition, semblent avoir été laissés sur les carreaux, pendant que certaines figurent se sont fait une place au soleil », se gausse ce journal. Pour illustrer ses propos, Le Visionnaire écrit : « Oublié par Kaka, Laoukeïn Médard crie à haute voix » par le truchement du congrès extraordinaire de son parti, la Convention Tchadienne pour la Paix et le Développement (CTPD).

Et c’est au moment où Les Tchadiens font face à l’insécurité et à la crise politique que « Le Soudan provoque le Tchad », titre Le Visionnaire dans sa manchette. C’est « Une escalade verbale du Soudan contre le Tchad », écrit le quotidien Le Progrès. « Khartoum menace d’attaquer N’Djaména et Amdjarass », précise N’Djaména Hebdo. « Le dimanche 23 mars 2025, le général Yasser al-Atta, le numéro 2 du régime de Khartoum, à travers une déclaration aux médias, menace d’attaquer les aéroports de N’Djaména et d’Amdjarass », éclaire la revue Tchad et Culture. Mais au Tchad, nous renseigne la revue, « cette menace de guerre proférée suscite une avalanche de réactions ».

« Le Tchad se réserve le droit de riposter aux menaces soudanaises », déclare le gouvernement tchadien dans un communiqué rapporté par le journal Le Pays. Et « Toute tentative d’agression recevra une réponse implacable », réplique, de son côté, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, dans les colonnes de Alwihda Info. Face à cette provocation, « Le MPS appelle le peuple tchadien à l’union sacrée », rapporte Tchad et Culture.

« Si cette réaction énergétique de N’Djaména pourrait se justifier à certains égards, l’unique moyen de résolution de ce conflit latent reste la voie diplomatique. Le Tchad de Mahamat Kaka, désormais privé du soutien français en matière de défense et de sécurité, le tout dans un contexte où la cohésion nationale et la fierté d’appartenir à une même nation sont complètement brisées par la politique d’exclusion et l’injustice », conseille le journal Abba Garde. Donc, « la diplomatie à l’épreuve », titre à sa Une, cet hebdomadaire d’informations générales.

Alphonse DOKALYO