L’élection législative du 29 décembre 2024 marque une avancée significative pour la parité de genre dans le pays. Sur les 188 sièges, 64 sont occupés par des femmes, soit une proportion inédite de 34%. En rappel, lors de la législature de 1997-2002, il n’y avait que trois femmes sur 125 députés (2,4%) à l’Assemblée nationale du Tchad, 5,8% en 2002-2005, et 15,3% en 2011-2015. Ce dynamisme de la participation des femmes aux instances de décision s’est observé encore le 4 février 2025 à l’installation des nouveaux députés dont le bureau composé de 17 membres compte 7 femmes, soit une proportion d’environ 41%. Une chose sûre et indéniable, la rentrée massive des femmes au parlement est avant tout favorisée par la législation tchadienne très favorable. En effet, le gouvernement tchadien soutient résolument la politique d’intégration de la femme dans les processus de prise de décisions en vue du développement durable. Non seulement il a ratifié plusieurs textes internationaux qui protègent et promeuvent les droits des femmes, il a aussi élaboré une législation très profitable pour la promotion et la protection des droits des femmes.

Cependant, cette représentation reste limitée et de nombreux défis persistent. Malgré les progrès réalisés, la participation des femmes à la vie politique tchadienne demeure inégale. Des obstacles socioculturels, économiques et politiques entravent leur pleine participation.  Il est crucial d’analyser les progrès accomplis tout en reconnaissant les obstacles qui subsistent pour garantir une représentation équitable et effective des femmes au sein du parlement tchadien et dans la société en général.  Des efforts continus sont nécessaires pour promouvoir l’égalité des genres et renforcer le rôle des femmes dans la prise de décision politique au Tchad.  Cela passe par la sensibilisation, la formation, le soutien financier et l’adoption de lois favorisant la participation des femmes à la vie politique. Des lois plus strictes et des mécanismes de protection efficaces sont essentiels pour mettre fin à certaines violences basées sur le genre. L’instauration d’un quota de 30% de femmes dans les instances de prise de décision n’est aucunement une largesse d’un Chef d’Etat. Elle est une étape normale vers la parité. Et promouvoir la parité, c’est faire passer ce quota à 50%. L’idéal est même d’aligner un tel quota sur le poids démographique des femmes au niveau national. Constituant 50,6% de la population totale, l’on est même tenté de dire pourquoi les femmes, comme au Rwanda avec 61,3% de femmes députées, ne pourraient pas représenter leur poids démographique.

Malheureusement, ce succès électoral des femmes au parlement tchadien en 2025, ne pourrait pas avoir un impact significatif sur les politiques publiques, ni même contribuer à réduire de façon substantielle les nombreuses violences et violations des libertés et droits fondamentaux liées au genre.

Au parlement, tout comme dans les fonctions nominatives, les acteurs politiques devraient sortir de leur réflexe de positionner les femmes au second rang pour créer l’illusion d’un équilibre de genre. Ils devraient laisser éclore les voix féminines averties, qualifiées et compétentes, fussent-elles apolitiques. Et Dieu sait qu’elles foisonnent dans l’administration publique, les structures privées, les académies et la société civile ! L’avenir de la démocratie tchadienne dépend en partie de la capacité du pays à surmonter ces défis et à garantir une représentation politique plus inclusive et équitable.

Dieudonné Pechene