La gouvernance des institutions de la Ve République et les arrestations des journalistes polarisent l’actualité traitée par les journaux tchadiens de la semaine.
« Calamités de l’ordre constitutionnel retrouvé ». C’est le cri d’alarme de l’hebdomadaire Abba Garde qui critique violemment l’entourage du président de la République Mahamat Idriss Déby Itno, composé des personnalités sulfureuses placées à la tête des grandes institutions de la République. Avec leurs photos affichées à sa Une, cet hebdomadaire cite nommément, Jacques Haroun Ndia kabadi, président du Sénat, Ali Kolotou Tchami, président de l’Assemblée nationale, Samir Adam Annour, président de la Cour suprême, Saleh Kebzabo, Médiateur de la République et Jean-Bernard Padaré, président du Conseil constitutionnel.
Ainsi, dépeint notre confrère, Kabadi, un vieux qui, en dehors du vol, de la délation, de la négation et de la soumission hypocrite, que peut-il apporter à une République en refondation ? Ali Kolotou Tchami, un homme de réseaux et des couloirs obscurs, s’affiche comme une catastrophe parlementaire qui se dévoilera si peu ; Samir Adam Annour, c’est le pire des cauchemars que les Tchadiens ont connu dans leur système judiciaire mis en coupe réglée ; Saleh Kebzabo, le vieux Mufti, le Maradona de l’ex opposition tchadienne, ambitionne depuis trois ans de s’enrichir insolemment, de vivre heureux et d’assurer un avenir radieux pour toute sa descente et Jean-Bernard Padaré, le verbeux et brillant avocat compte parmi les gangsters des jeux électoraux, c’est un pion très automatique qui sait conquérir le gombo de sa trentaine d’enfants.
Tout ça, « Kaka le sait-il ? », se demande Abba Garde. Ce qui est sûr, analyse ce même journal, « en s’entourant de ces personnages, capables de ne pas apercevoir l’éléphant dans un couloir quand il s’agit de sauver leurs intérêts, Kaka veut perpétuer le cafouillage, la magouille, le pillage, l’injustice et la délation institutionnelle. Aussi, il extériorise par-là, sa vision de conserver le pouvoir pour le pouvoir, comme l’a fait son feu père. De ce fait, l’espoir que placent les Tchadiens, les plus naïfs, en lui sera à classer dans le registre de mythe. Ainsi, pour son avenir, Kaka gouvernera sans justice, sans médiation, sans organe législatif et de contrôle de ses actions. En un mot, « l’anarchie, le désordre institutionnel caractériseront son pouvoir », s’alarme notre confrère.
Dès à présent, « les avocats s’insurgent contre un arrêt « injuste de la Cour suprême », informe N’Djaména Hebdo. D’après le président de l’Ordre des avocats du Tchad, le bâtonnier Me Djirandi Laguerre Dionro cité par le journal Le Pays, la Cour suprême a cassé et annulé l’arrêt de condamnation de la Cour d’Appel de N’Djaména dans l’affaire opposant Zakaria Hassan Tabit et autres aux nommés Abbas Abdelkerim Badouri, Ahmat Mahamat Ahmat et autres, alors que cette décision n’est pas encore rédigée et donc le dossier n’est même pas envoyé à la Cour suprême. De ce fait, le conseil de l’Ordre des avocats en appelle aux plus hautes autorités pour sauver la face de la justice rendue au nom du peuple tchadien, rapporte notre confrère.
Pareillement, « la chape de plomb s’abat sur les journalistes !», écrit à sa Une L’Observateur. « Monodji Mbaindiguim Olivier, directeur de publication du journal Le Pays, par ailleurs correspondant de RFI, Mahamat Saleh Al Hisseine, journaliste à l’ONAMA ont été arrêtés et incarcérés à la maison d’arrêt de Klessoum, nous informe Alwihda Info. Le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Ndjamena, Oumar Mahamat Kedelaye, les accuse « d’intelligence avec une puissance étrangère, de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Tchad ; de complot contre l’État et de complicité dans des actes portant atteinte aux intérêts nationaux », éclaire notre confrère. Dès lors, « le glas de la presse tchadienne a sonné », affirme l’hebdomadaire N’Djaména Hebdo.
Face à ces menaces sur la presse, poursuit ce journal, L’Union des Journalistes tchadiens (UJT), le Patronat de la presse tchadienne, l’Union des journalistes de la presse libre africaine, le Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, vent debout, expriment leurs vives préoccupations et exigent la libération pure et simple des journalistes emprisonnés injustement.
Dans ce même ordre d’idée, « le collectif des associations de défense de droits humains au Tchad (CADH) exprime son ras-le-bol sur la violation des droits humains au Tchad », rapporte L’Observateur. Selon le CADH, nous informe cet hebdomadaire, « le risque de troubles politiques et socioéconomiques reste élevé. Des conflits intercommunautaires, des enlèvements, des arrestations et des détentions illégales, les menaces et intimidations, l’insécurité généralisée, les cas de vol, la flambée des prix sur les marchés illustrent à merveille ce constat du non-respect des droits humains », atteste le collectif.
D’après le journal la voix, si aujourd’hui, les Tchadiens éprouvent de difficultés à manger à leur faim à cause de la cherté de vie, cela est dû au laxisme du gouvernement qui n’a pas une politique pour sortir la population tchadienne de cette situation peu enviable.
Alphonse Dokalyo
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