Marine Le Pen, députée française du Rassemblement National a achevé dimanche sa visite de 48h au Tchad. C’était la deuxième après celle de 2017. Une visite très commentée au Tchad et hors du Tchad pour bien des raisons.

Elle était arrivée vendredi 14 mars 2025 à N’Djamena pour une visite officielle. Samedi elle a été reçue à Amdjarass, par le président de la République, maréchal Mahamat Idriss Deby Itno. Le même jour, en soirée, un dîner lui a été offert par le Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires du Tchad.

Femme politique d’envergure et mois de mars oblige, elle ne pouvait ne pas s’exprimer sur des sujets qui concernent la femme et la politique. “Non, les femmes ne sont pas meilleures que les hommes mais nous sommes complémentaires. Pour qu’une politique soit juste, intelligente, il faut qu’il y ait des hommes et des femmes », a dit Mme Le Pen. Un peu plus tôt dans la journée du samedi elle avait salué le leadership du chef de l’État. Un président déterminé à travailler pour la souveraineté du Tchad et la sécurité des Tchadiens.

Mais une partie de l’opinion s’interroge sur ce que le Tchad a à gagner à recevoir la députée RN. Son parti est considéré, à tort ou à raison, comme un parti raciste et xénophobe à l’égard des Africains de France ?

 Alors que les autorités tchadiennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient le Tchad et la France, le fait de recevoir une parlementaire française et d’extrême droite, est incompréhensible dans l’entendement de certains Tchadiens.

L’opposition politique s’est exprimée. Dr Nassour Koursami président du parti Les Patriotes (opposition) estime que la rencontre entre la députée française et le maréchal n’a apporté aucun bénéfice au pays. C’est « Une vitrine diplomatique vide de sens ! ». Il reproche au président de Mahamat Idriss Deby Itno de gouverner sans une vision propre. Il se contente de copier son défunt père. Aussi, Dr Koursami demande-t-il la transparence sur le financement de cette visite. « Le secrétaire général du MPS doit nous fournir des preuves que ce sont eux qui ont supporté les coûts », interpelle Dr Koursami.

Un autre leader de l’opposition, Max Kemkoye, président de l’UDP considère l’invitation adressée à la députée Marine Le Pen de « démarche contre nature ». Sur sa page Facebook il écrit ce qui suit : « Le MPS qui se réclame d’obédience socio-démocrate invite la présidente du Groupe parlementaire RN, parti d’extrême droite. Quelle démarche contre nature ». Il s’interroge s’il ne faut pas redouter des « conséquences à la suite de cette visite incongrue de Marine Le Pen? ». Max Kemkoye pense-t-il à une désapprobation de l’Élysée ?

À l’international certaines réactions rejoignent celles de l’opposition. L’activiste politique Nathalie Yamb s’est désolée que l’avion présidentiel soit mis à la disposition de Mme Le Pen pour ses déplacements. « Nous sommes en 2025, et tout un (…) président tchadien invite Marine Le Pen en visite officielle et met l’avion présidentiel à sa disposition pour ses déplacements », a écrit Nathalie Yamb, avec à l’appui un extrait d’une vidéo montrant la députée RN à sa descente de l’avion présidentiel, à Amdjarass.

Le Mouvement patriotique du salut, MPS est resté fidèle à son narratif. Marine Le Pen est une députée française qui a été reçue au Tchad dans le cadre d’une visite officielle. Les plus hautes autorités ont toujours dit que malgré la fin de la coopération militaire entre le Tchad et la France, les autres formes de coopération se poursuivent sans ombrage.

Vue de France et du RN, Marine Le Pen a été reçue à Amdjarass par Mahamat Idriss Déby, président du Tchad dans le cadre de l’amitié entre la France et le Tchad. Une amitié très ancienne. Ces relations devront être « retissées et renforcées, dans l’intérêt de nos peuples respectifs ».

Au demeurant, Le Pen cheffe du groupe parlementaire RN à l’Assemblée nationale française espère revenir pour la troisième visite au Tchad, mais en tant que présidente de la République française. Ce qui signifie qu’elle envisage se présenter pour la troisième fois à la présidentielle de 2027 dans son pays, la France.

Pierre Boubane