En République démocratique du Congo, la conférence épiscopale du Congo (CENCO), et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) multiplient les rencontres pour un retour de la paix à l’est du pays.

Depuis plus d’un mois maintenant, l’est du pays est sous le contrôle des rebelles du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo. Cette situation préoccupe les pasteurs de l’Eglise catholique et de l’Eglise du Christ au Congo qui ont entamé une tournée à la rencontre des dirigeants des pays voisins et ceux de la sous-région des Grands-lacs. Ils ont été tour à tour au Rwanda, au Kenya, au Congo Brazza. Le dernier pays a accueilli la délégation de la CENCO et de l’ECC était l’Angola. Les émissaires du clergé congolais ont été reçus par le président angolais Joao Lourenço, par ailleurs président de l’Union Africaine et médiateur dans la crise à l’Est du Congo. Cette démarche vise à obtenir le soutien des pays voisins pour des pourparlers entre congolais en vue d’un retour de la paix à l’est du pays.

La crise est interne au Congo, mais pourquoi les religieux cherchent le soutien des pays voisins ?

Les voisins de la RDC ne sont pas tous neutres dans ce qui se passe actuellement à Goma et à Bukavu. Des sources onusiennes accusent, par exemple, le Rwanda de soutenir le M23 et l’Alliance Fleuve Congo qui contrôlent l’est du pays. Mais ces allégations sont réfutées par les autorités rwandaises. De plus, si la RDC est déstabilisée, c’est toute la région qui sera affectée. C’est donc dans l’intérêt de tous que la paix revienne à l’est de ce grand pays. Pour ce faire, il faut autant les impliquer dans la recherche des solutions durables.

Si les religieux sont à l’avant-garde de la recherche de la paix, mais la rhétorique est tout autre à Kinshasaout à fait. Ceux qui regardent le journal parlé de la RTNC, la télé publique congolaise, ont entendu des appels à l’enrôlement massif dans l’armée qui se multiplient dans le pays. Beaucoup de jeunes gens ont répondu favorablement à ces appels. En même temps, le gouvernement promet une récompense de 5 millions de dollars pour l’arrestation de Corneille Nangaa, coordonnateur de AFC/M23. Dans cette même perspective, les rebelles ont récemment nommé un gouverneur provincial dans les zones qu’ils contrôlent pour consolider leur position. Les principaux acteurs semblent plutôt se préparer à l’affrontement. Dans ce climat de tension, la classe politique est divisée. Certains leaders politique sont accusés par les partisans du pouvoir d’être de mèche avec les rebelles, d’autres indexent directement le président Tshisekedi d’être responsable de ce qui se passe à l’est du pays. Entre ces deux camps, beaucoup optent pour le dialogue comme la CENCO et l’ECC. Dans cette perspective, il y a une lueur d’espoir. Hier mardi 11 mars, le président Felix Antoine Tshisekedi a été reçu par le président angolais Lourenço. Il semble favorable à un dialogue direct avec Corneille Nangaa et les autres dirigeants du M23. Ce qu’il a jusque-là écartée, puisqu’il a toujours considéré les rebelles du M23 comme des pantins du Rwanda et des terroristes. Avec cette nouvelle posture, on peut dès lors espérer au moins une accalmie sur le terrain des combats. Si ce dialogue entre congolais a lieu, la démarche de la CENCO et de l’ECC ne serait donc pas vaine.

Pierre Boubane