Les sénatoriales et la mort de Yaya Dillo sont les principales actualités traitées par les journaux tchadiens de la semaine.
« L’indécence ». C’est en ce terme cru que L’Observateur qualifie la victoire du MPS, parti au pouvoir, aux élections sénatoriales. « Sur les 46 sénateurs élus, 43 sont du MPS ». De plus, ajoute N’Djaména Hebdo, « le chef de l’Etat Mahamat Idriss Déby Itno se taille le plaisir de désigner 23 autres correspondant au nombre de nos provinces. Au décompte, la majorité écrasante des sénateurs sont membres du MPS ». Même si Tchad et Culture nous informe que certains « sénateurs nommés par le président de la République viennent de l’opposition ». Toutefois, pour y arriver, chaque grand électeur a reçu 90 000 FCFA à la fin du scrutin. Donc, c’est une victoire sans gloire, s’en moque L’Observateur. D’ailleurs, renforce cet hebdomadaire, depuis le dialogue national inclusif et souverain (DNIS) jusqu’aux élections législatives et locales en passant par le referendum constitutionnel et la présidentielle, le pouvoir a choisi les voies les plus tortueuses pour imposer son hégémonie sur la vie politique.
Dans le même sillage, s’exclame Abba Garde, les sénatoriales qui ont refermé la longue page d’une transition muselante, sanglante et éprouvante, ont choisi de mettre leurs pas dans ceux des législatives. Par un braquage électoral les plus monstrueux, nous rappelle notre confrère, le MPS a arraché 124 sièges de députés sur 188 que compte la désormais Chambre basse du Parlement, le tout premier de l’histoire politique du Tchad. Tout compte fait, se résigne Abba Garde, la victoire du MPS aux sénatoriales lui ouvre un large boulevard pour mieux écraser dans la légalité. Mieux, poursuit ce journal d’information générale, « les sénatoriales ont par leur onction, consacré roi du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno et son parti, le MPS, parti-Etat. De ce fait, fustige-t-il « plus personne n’a voix au chapitre ». Ainsi, « le Maréchal junior trône seul », renchérit N’Djaména Hebdo. Car, insiste ce confrère, « le Sénat, l’Assemblée nationale, les provinces et les communes sont à une très large majorité, dominés par le parti au pouvoir. Il n’y aura personne pour surveiller de près la gestion politique du pays pour garantir un équilibre et une gouvernance transparente ». In fine, cette concentration des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre les mains du chef de l’Etat, n’étonne pas l’éditorialiste de L’Observateur qui affirme sans détour que « l’objectif du MPS et de son président est de gouverner le pays seuls ».
En tout cas, « la boucle étant bouclée, que reste-t-il ? Les Tchadiens doivent s’attendre à subir les affres et les conséquences d’un régime totalitaire », alerte ce même journal. En d’autres termes, « le Tchad est en proie de replonger dans les erreurs graves de son passé qui l’ont déchiré et le maintenu dans le sous-développement. La misère noire de ses filles et fils, qui ont le malheur de ne pas naitre dans les clans régnants de ce pays, risque de s’empirer. Le Pire est à venir », s’alarme N’Djaména Hebdo. Déjà, le journal Le Haut Parleur donne le signal, « Silence, on ne pleure pas ». D’après notre confrère, un an après la mort de Yaya Dillo, ses proches et militants de son parti, Parti socialiste Sans Frontière (PSF) sont empêchés par les autorités d’organiser une cérémonie pour lui rendre hommage. « Non à l’oubli ! », interpelle N’Djaména Hebdo. Alors que le gouvernement avait promis organiser une enquête devant établir les responsabilités, « un an après, la vérité sur la mort de Yaya Dillo est ensevelie sous les gravats, s’insurge notre confrère. Ainsi, « voir une certaine justice tchadienne se prononcer sur l’assassinat de Yaya est simplement utopique sous le règne du MPS qui a plusieurs cadavres dans ses placards », s’indigne Abba Garde. Mais quoiqu’il en soit, Yaya Dillo Betchi est vivant. S’il est évident que l’assassinat planifié de Yaya a refroidi le combat politique de libération, la mémoire de cet homme demeure vivante à travers la lutte contre l’injustice, le pillage des ressources du pays, la gestion patrimoniale de l’Etat, les crimes et la politique d’exclusion, se console le même journal.
En tout état de cause, « Dieu a entendu les pleurs des pauvres », tranche le journal Le Haut Parleur. « La nomination du Youssouf Tom, un magistrat chevronné, à la tête du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, a suscité l’espoir. La justice tchadienne, bien qu’encore fragilisée, semble avoir trouvé en lui un homme de principe capable de redresser la barre », rassure notre confrère.
Alphonse Dokalyo
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