Ce vendredi 7 mars 2025, les 69 sénateurs de la République sont installés au Palais des arts et de la culture de N’Djaména. Ceci après la nomination de 23 personnalités et après la publication des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel des quarante-six (46) élus au suffrage indirect.

Hormis les caciques du MPS, les sénateurs nommés par le président de la République viennent d’autres formations politiques et même de l’opposition. Ce sont ceux qui ont accepté d’accompagner le processus du retour à l’ordre constitutionnel par le moyen des élections. Nous nous arrêtons sur quatre sénateurs nommés par le chef de l’Etat, Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, aux allures de récompenses pour service rendu à la nation.

Le doyen Haroun Kabadi du MPS, celui que beaucoup pensaient qu’il se retirerait définitivement de la vie publique, siègera au Parlais des Arts et de la culture. Pour beaucoup, il est récompensé pour service rendu, non seulement au MPS mais aussi à la nation tchadienne. Le fidèle compagnon de feu Idriss Déby Itno a tout donné à notre pays. Sur l’antenne de Radio CEFOD, Dr Gondeu Ladiba saluait la sagesse de cet homme qui a toujours été mesuré dans ses propos et exemplaire en toute circonstance, privilégiant toujours la paix sociale. En le nommant sénateur, le président de la république l’envoi en mission. Le sage doit inspirer les autres membres de cette nouvelle institution qui doit se faire connaître, être aimée et acceptée par les Tchadiens. Car une partie de l’opinion accuse le sénat d’être une institution de trop qui va coûter trop cher aux Tchadiens, inutilement, d’ailleurs.

Outre Dr Kabadi, une autre figure bien connue de la vie publique, siègera au sénat, M. Abderaman Koullamalah plusieurs fois ministre. Il fait partie des récompensés pour service rendu à la nation. M.Koullamalah, a été, sans doute, la personnalité la plus controversée, voire la plus critiquée et même insultée durant cette longue transition politique. Incompris, ou seulement honni par ses compatriotes, M. Koullamalah, a essuyé les dernières critiques avant de quitter le portefeuille des Affaires étrangères. Mais le chef de l’Etat a toujours confiance en lui. C’est sa loyauté et sa fidélité au chef de l’Etat qui sont récompensés. Il l’a, d’ailleurs, lui-même admis cet état de fait. Sur sa page Facebook, nous lisons : « Mon retour après une brève parenthèse est la preuve que lorsqu’on sert avec loyauté et engagement, le devoir finit toujours par nous rappeler. J’ai quitté mes fonctions au ministère des Affaires étrangères avec le sentiment du devoir accompli, et aujourd’hui, un nouveau défi s’ouvre à moi avec cette nomination au Sénat ». M. Koullamalah promet de continuer à servir le Tchad avec amour, détermination et fidélité, idéaux qui ont toujours guidé son engagement politique. Mais ses adversaires politiques estiment qu’il devait plutôt écrire qu’il continuera à servir le chef de l’Etat dont il a toujours été au service, non pas le Tchad.

Que dire enfin des sénateurs qui viennent des rangs de l’opposition ? Théophile Bongoro et Lydie Beassemda, tous deux étaient candidats à la présidentielle du 6 mai 2024. Ils sont nommés sénateurs. On peut considérer aussi que le chef de l’Etat les a récompensés pour avoir joué le jeu démocratique en acceptant de participer à l’élection présidentielle, même s’ils ne sont pas les seuls.

Au demeurant, le chef de l’Etat a montré, une fois de plus, que le destin du Tchad doit   concerne tous les Tchadiens. En nommant des chefs de partis de l’opposition, il matérialise ainsi la main tendue à tous les acteurs politiques pour bâtir le Tchad nouveau, uni et riche de sa diversité culturelle et politique.

Désormais, toutes les institutions de la République sont mises en place. Le peuple accepte la réalité. Il est représenté par deux parlements : une assemblée nationale et un sénat. Certains des membres de ces deux chambres ont mérité d’être à leur poste ; d’autres peut-être pas. Elus ou nommés, peu importe finalement ! Ce qui est fait et fait. Députés et sénateurs doivent travailler pour transformer le Tchad pour le meilleur et non pour le pire. C’est tout ce que le peuple attend d’eux maintenant.

Pierre Boubane