Le Fonds d’Entretien Routier (FER), comme l’indique son appellation, semble incapable d’assurer sa mission : remettre en l’état les routes dégradées et les innombrables nid-de-poule qui les jonchent.

Mardi 10 décembre. Il est 8 heures du matin. C’est un véritable chassé-croisé sur l’Avenue du 10 octobre à N’Djaména. Aux encablures du fourmillant marché de Dembé, autos et motos, contraintes par les innombrables nids-de-poule, slaloment, freinent violemment au crissement des pneus, balançant les passagers au rythme des manipulations de leurs guidons. Dans cet incessant mouvement, un motocycliste est pris en sandwich par deux voitures. Les trois engins tentaient chacun d’éviter un gigantesque nid-de-poule. « On n’a plus de goudron. S’il n’y avait pas ce trou, cet accident aurait été évité », commente un mototaxi.

Les trous, en effet, il en abonde sur les bitumes. De l’Avenue du 10 octobre jusqu’à son prolongement sur l’Avenue Charles de Gaulle, on trouve à pratiquement tous les 10 mètres, commente un automobiliste. Sur l’avenue Mathias Ngarteri dans le septième arrondissement et Goukouni Weddeye au sixième, en saison pluvieuse, des véhicules sont stoppés par de gigantesques trous où les eaux débordantes des caniveaux se mêlent aux eaux de ruissellement. L’avenue Kondol Béaloum réhabilitée il y a moins de 10 ans, n’échappe naturellement pas à la dégradation.

 Entretien de piètre qualité

Le deuxième rond-point de Walia colmaté il y a peu en béton, entame sa dégradation. Les quelques nids-de-poule de la fameuse Avenue Charles de Gaulle,  pareillement comblés de béton par le génie militaire, se sont à nouveau agrandis.

Comment en est-on arrivé là ? Un responsable d’une entreprise, maître d’œuvre de l’entretien des routes bitumées, le reconnaît à juste titre le « manque de moyens financiers, de moyens matériels et de formation des bénévoles ». « Le défi majeur aujourd’hui est l’insuffisance des ressources face aux besoins croissants énormes qu’exige l’entretien des routes au niveau national », renchérit le Directeur général du Fonds d’entretien routier, Abdelkérim Souleymane Terio.

Quid des recettes de péage ?

« Notre conducteur a dit à un agent du poste de péage à la sortie de Doba qu’il revient. Mais au retour, il ne payera à l’agent que 500 au lieu de 1000 francs, sans se faire délivrer un ticket. Les 500 francs vont dans les poches de l’agent », raconte un interlocuteur qui a effectué récemment un voyage au sud du pays. Ces pratiques réduisent les recettes de péage en peau de chagrin.

Le ministre des infrastructures, lançant la digitalisation du payement des recettes de péage, déplorait les modiques réalisations de 60 millions mensuels, soit 720 millions annuels provenant de ces recettes. Or en 2016, par exemple, ces recettes annuelles s’élevaient à 1,3 milliards. Des chiffres qui ont dégringolé paradoxalement alors que le nombre de véhicules augmente en flèche.

Outre les péages, le Fonds d’entretien routier engrange aussi 3 milliards de Fcfa via les taxes à l’essieu (TAE), les lettres de voiture obligatoire (LVO). La raffinerie de Djermaya verse également une subvention annuelle de 12 à 15 milliards. Des sommes malheureusement pas suffisantes, de l’avis des responsables du FER, pour réparer convenablement, toutes routes dégradées, dans le pays.

Masrambaye Blaise