Lancée il y a une semaine, la campagne électorale pour les législatives, les provinciales et municipales peine à susciter un emballement.

Avenue Mathias Ngarteri. 7ème arrondissement. Une chambre d’à peine 3 mètres carrés portant encore les vestiges d’un studio photo fait office d’un bureau de campagne électorale. « Votons la liste rouge pour la résilience de la jeunesse du 7ème arrondissement », peut-on d’emblée lire sur la banderole accrochée en haut de la porte. Six moto taxis, le cou ceint d’un morceau de tissu rouge, couleur du Parti action pour république (FAR/Parti fédéraliste) depoussièrent la chambre et y installent une natte. « Deux paires de cartes, c’est 500, non? Va nous en acheter ». Le candidat aux législatives, un soixantenaire supervisant l’installation vient de tendre un billet de 500 au plus jeune du groupe. « Tu t’es déjà inscrit, je pense ». Le secrétaire s’adresse ainsi à un passant, montrant une liste sur un banc au pas de la porte.

Aux encablures du QG des Transformateurs, l’ambiance morose au bureau de campagne de la « Coalition N’Djamena propre » devient rapidement électrique à quelques pas du bureau. Chez la trésorière adjointe, une prise de bec a failli tourner au pugilat. « Tu es qui ? Et tu es qui, toi ? » « On va mal finir », le ton monte au point d’alerter les voisins. La cause de la dispute, 1000 francs soustraits sur les frais de pitance journalière.

A l’école Les petits génies où la dynamique de l’alliance républicaine (DAR) lançait sa campagne l’après-midi du 10 décembre, l’ambiance est peu réjouissante. « Même nous journalistes sommes plus nombreux que les militants », ironise un confrère.

Autre arrondissement, ambiance identique. Au carré 2 de Moursal, est implanté le quartier général de campagne du candidat du parti Vision nouvelle pour la république. Une concession bien aménagée accueille malheureusement une dizaine d’hommes, la mine renfrognée cet après-midi du 11 décembre. Un DJ interrompt par moments de sa voix timide les décibels répandus par deux baffles. « C’est un compagnon de fac. Il a réussi à rallier les jeunes à sa cause ». Un quarantenaire légèrement détaché de la meute ne tarit pas d’éloges à l’égard du candidat.

Si la campagne peine à démarrer effectivement, Daniel, même d’un bureau de campagne pense en connaître les raisons.  » Le vieux ne cesse de courir derrière le coordonnateur national du parti depuis hier pour prendre l’argent », explique-t-il. Daniel n’exclut pas de jeter l’éponge si dans de brefs délais, l’argent n’est pas disponible. Si pour lui, les raisons du manque d’engouement sont pécuniaires, un coordonnateur d’un autre bureau de campagne nuance. « Actuellement, nous priorisons le porte-à-porte. Nous lancerons la campagne de masse dans les jours à venir », explique-t-il.

Masrambaye Blaise