C’est pour la toute première fois que le Tchad organise des élections cumulées : municipales, législatives et provinciales. La population déjà peu enthousiasmée par « ce machin », n’y comprend pas grand-chose.

« Tout ce que je sais, c’est qu’on va voter des députés ». Cette réponse laconique est celle de Régine, bachelière et vendeuse à l’étal au marché Tarodona quand il lui est demandé ce qu’elle sait de la future consultation électorale. Réponse dupliquée par Laurent, licencié en Sciences économiques. Laurent, 22 ans semble plus préoccupé par la débrouille que la question politique. « On va voter les députés mais j’ignore quand se tiendront les provinciales et les municipales », murmure-t-il, dépoussiérant et rangeant une tondeuse.

Justin, au coucher du soleil, vient de fermer le QG de campagne d’un candidat aux législatives. « Honnêtement, je comprends pas », confesse-t-il. « Ce sont les élections législatives provisoires. Non plutôt élections législatives provinciales », tâtonne le trentenaire avant de s’esclaffer pour attester son ignorance.

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Emilie, rangeant son petit commerce d’ingrédients au coucher du soleil ce 12 décembre ignore même la tenue des élections du 29 décembre. « Y a élections encore? Je ne le savais pas. D’ailleurs, je n’irai pas voter puisque je n’ai pas de carte », tranche la mère de deux enfants.

Aux abords de l’avenue du 10 octobre, un groupe de jeunes s’enivre du whisky frelaté et du gaz liquéfié. Un quarantenaire venant de débarquer d’un QG de campagne évoque les élections à venir. « Quelle élections ? », interroge ironiquement un membre du groupe. « Qui ira voter? Les résultats sont connus d’avance »,  tacle sévèrement avant de disparaître, empochant quelques bâtons de cigarettes.

Un devoir d’explication

« Ce sont des élections couplées… Triplées même », tâtonnait François Djékombé, le coordonnateur de coalition Dynamique de l’alliance républicaine (DAR) au lancement de la campagne du regroupement. Le leader du parti Union sacrée pour la république a hâtivement compris l’obligation d’expliquer les enjeux de ces élections à la population. « Ce sont des choses qu’il faut expliquer à la population pendant la campagne », informe-t-il. Cette pédagogie qui s’impose permettrait de mobiliser la population qui se lasse clairement de ces élections.

Masrambaye Blaise