Après le rejet de la loi portant suppression du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). par l’Assemblée nationale, dominée par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), de Macky Sall, une motion de censure a été déposée par le député Abdou Mbow, président du groupe parlementaire de l’ex-coalition au pouvoir, contre le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko. Le Premier ministre assure qu’il n’y aura pas de censure. L’ombre de la dissolution plane sur le parlement.
C’est une crise politique qui débute au Sénégal depuis l’arrivée au pouvoir du Président Diomaye Faye, il y a cinq mois. Le lundi 2 septembre, un projet de loi présenté par le président Faye visant à supprimer le CESE et le HCCT a été rejeté par l’Assemblée nationale dominée par la coalition de l’ex parti au Pouvoir. Le lendemain, la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir), a déposé mardi une motion de censure contre le gouvernement sénégalais dirigé par le charismatique leader de Pastef, Ousmane Sonko. Selon plusieurs médias, M. Mbow a formulé sa requête mardi et l’a déposée au bureau du président du parlement, Amadou Mame Diop, son camarade de BBY, une coalition de douze ans dont Macky Sall a implicitement déclaré la mort lundi dernier dans un communiqué. « Nous allons déposer dès demain (mardi) une motion de censure pour faire tomber » la première équipe ministérielle du président Bassirou Diomaye Faye, élu, il y a seulement cinq mois, a déclaré Abdou Mbow, exprimant sa satisfaction d’avoir fait échouer, avec 82 de ses collègues contre 80 voix, le premier projet de loi du chef de l’État déposé au parlement.
Mais le gouvernement de Sonko reste serein et déterminé à assainir l’administration sénégalaise. « Je peux vous assurer qu’il n’y a pas de motion de censure. D’ici le 12 septembre prochain, ces gens-là auront autre chose à faire que d’être députés à l’Assemblée nationale », a-t-il affirmé lors d’une rencontre avec le personnel de la primature, en qualifiant ses adversaires au parlement de « politiciens complètement dépassés par les événements, appuyés par leur presse ». BBY se dit prête à mener un dernier combat contre le nouveau gouvernement avant la dissolution du Parlement.
En effet, la coalition reproche au gouvernement de son refus de faire la déclaration de politique générale (DPG) malgré la mise à jour du règlement intérieur de l’Assemblée nationale que Sonko avait posé comme condition préalable à cette déclaration toujours attendue. Beaucoup de députés considèrent ce refus de manque de respect à l’égard du pouvoir législatif et comptent utiliser tous les leviers légaux pour mettre en difficulté le régime actuel. Ainsi, la dissolution du parlement pourrait intervenir à partir du 12 septembre prochain, c’est pourquoi BBY souhaite inscrire ce dossier en procédure d’urgence, espérant ainsi obtenir un gain politique. Toutefois, le Président Faye pourrait reconduire le gouvernement immédiatement en cas de vote de la motion de censure.
Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, actuellement en déplacement en Chine pour participer au Forum de coopération sino-africaine, a convoqué l’Assemblée nationale en session extraordinaire pour le jeudi 5 septembre 2024 à 10 heures. L’ordre du jour de la session extraordinaire du jeudi 5 septembre comprend notamment le projet de loi de règlement pour la gestion 2022, la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la Coopération transfrontalière (Convention de Niamey), un projet de loi relatif à la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH), et la Déclaration de Politique générale par le Premier ministre, Ousmane Sonko.
La session sera close dès l’épuisement de l’ordre du jour, informe le décret présidentiel. Ce qui pourrait aider à dissiper les ardeurs des députés de la coalition de l’ex parti au pouvoir.
Saturnin ASNAN NON-DOUM
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