La planète fait face à une forte demande en eau potable consécutive à la croissance de la population et qui implique une production importante des eaux usées d’origine urbaine, industrielle ou agricole qui sont rejetées sans être traitées dans la nature. Ces eaux insalubres constituent une source de pollutions auxquelles le monde entier est confronté.
La plupart des activités humaines qui utilisent de l’eau produisent des eaux usées. Étant donné que la demande d’eau dans son ensemble augmente, la quantité d’eaux usées produites, et leur charge polluante globale, sont en augmentation constante dans le monde entier. La pollution des eaux est en effet au carrefour des défis actuels auxquels doit faire face la planète : croissance de la population qui implique une augmentation de la demande en eau potable ; urbanisation et croissance économique qui entraînent une production plus importante d’eaux usées ; changement climatique qui réchauffe la température de l’eau et amenuise sa capacité à retenir l’oxygène et à s’auto-purifier par biodégradation.
Les eaux usées porteuses des virus, parasites et bactéries
Les eaux usées regroupent les eaux usées domestiques et des usines, et les eaux de ruissellement. Les eaux usées domestiques se composent des eaux ménagères provenant des usages résidentiels tels la lessive, l’eau de vaisselle, la cuisine, les toilettes et les douches, importante source de contamination biologique (virus, parasites, bactéries), et de résidus des médicaments consommés puis émis dans les urines (les antibiotiques, les vaccins, les facteurs de croissance et les hormones). Il s’y associe l’eau provenant des établissements commerciaux et des institutions, incluant les hôpitaux.
Les eaux ménagères contiennent entre autres des détergents, des résidus organiques, des solvants, des parfums, des agents de blanchissage et des adoucissants. Les produits nettoyants domestiques sont constitués de milliers de produits chimiques aux formes variées dont la persistance dans l’environnement varie de quelques heures à quelques années. De plus, certains produits domestiques dangereux, telle la peinture, sont déversés dans les égouts.
Les eaux industrielles sont les rejets des procédés industriels qui utilisent une grande variété de produits chimiques souvent toxiques et de l’eau dans la composition, la fabrication et le nettoyage d’un produit. Les dérivés pétrochimiques et les hydrocarbures se retrouvent également souvent dans les eaux usées des industries et des commerces.
L’agriculture, lors du ruissèlement d’eau, peut être une source de nombreux types de polluants, et notamment la matière organique, les agents pathogènes, les métaux et des contaminants émergeants. La pollution hydrique en provenance de l’agriculture se produit quand les engrais (nutriments), et autres produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides,…) qui peuvent présenter des risques pour l’environnement et plus particulièrement pour la qualité des eaux, sont appliqués de façon plus abondante que ce que les cultures peuvent absorber, ou quand ils sont emportés par la pluie.
La qualité des eaux impacte à la fois la biodiversité par l’eutrophisation des écosystèmes aquatiques, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable ou encore la qualité de l’eau de baignade. Des tonnes d’eaux usées d’origine urbaine, industrielle ou agricole sont rejetées, sans être traitées, chaque jour dans les réserves d’eau. C’est un enjeu de santé publique, lorsqu’on sait qu’une partie de la population s’alimente en eau directement au fleuve et que les fleuves font partie intégrante du réseau hydrique naturel, polluant à leur tour lacs, nappes alluviales et océans. L’absence d’infrastructure de collecte, de transport et de traitement des eaux usées dans les zones urbaines conduit à des rejets souvent non contrôlés dans les réseaux de drainage et d’évacuation des eaux. Les impacts immédiats, et notamment la détérioration des écosystèmes aquatiques et les maladies d’origine hydrique causées par un approvisionnement en eau douce contaminée, ont des répercussions importantes sur le bien-être des communautés et les moyens de subsistance des individus.
Lutter contre la pollution permet de protéger les systèmes naturels, support à toute vie sur terre et source d’alimentation. Cette lutte doit concerner autant l’eau douce que l’eau de mer et les eaux côtières puisqu’elles communiquent entre elles.
Dr Ignace Nodjibougada
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