Mgr Ettore Balestrero, observateur du Saint-Siège auprès des Nations-Unies.  a tiré le signal d’alarme sur les violations des droits de l’homme dans le monde lors de la 55ème session du Conseil des droits de l’homme qui s’est tenue le week-end dernier.

Le monde est confronté au quotidien à toutes les formes de violations des droits humains. Face à cette situation qui ne cesse de croitre, l’Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève assure que dans les processus décisionnels et dans la diplomatie multilatérale, la dignité humaine doit être placée au centre, et doit être le principe directeur dans le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle. «La liberté religieuse est violée dans près d’un tiers des pays du monde», précise le nonce apostolique. D’après l’Aide à l’église en détresse (AED), une fondation pontificale qui vient en aide aux chrétiens «menacés, persécutés, réfugiés», quelque «4,9 milliards» de personnes sont concernées. Dans certains pays occidentaux par exemple, «la discrimination et la censure religieuse sont perpétrées sous la bannière de la tolérance et de l’inclusion, et que la législation visant à lutter contre l’incitation à la haine, est souvent instrumentalisée pour remettre en cause le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion». Pour le diplomate, il est nécessaire de «réagir avec des mécanismes globaux» aux défis «environnementaux, sanitaires, culturels et sociaux, surtout pour consolider le respect des droits humains les plus fondamentaux», en mettant en œuvre «une nouvelle procédure pour la prise de décision et pour la légitimation de ces décisions».

Pour placer la dignité de la personne humaine au centre comme fondement de la paix, des droits de l’homme, de la justice et de la liberté, il sera important selon Mgr Ettore Balestrero de reconstruire «une vision partagée de notre nature intrinsèque, qui implique des obligations et des normes morales qui peuvent être comprises par la raison humaine et qui doivent être respectées». La dignité humaine doit aussi devenir selon le prélat le principe directeur dans le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle. «Les progrès dans ce domaine doivent respecter les droits humains fondamentaux, favoriser et non entraver les relations personnelles, la fraternité, l’esprit critique et la capacité de discernement», indique-t-il. Pour cela, complète Mgr Ettore Balestrero, «le respect de la dignité humaine exige que l’on rejette toute tentative de réduire l’unicité de la personne humaine à son identification, ou à sa réduction à un algorithme ou à un ensemble de données».

Risque de « colonisation idéologique »

Lors de son passage, l’Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève assure que de nombreux problèmes actuels «découlent d’un manque de respect pour la dignité humaine». Il cite les tentatives d’introduire de «nouveaux droits», pas toujours cohérents avec ce qui est bon pour la personne humaine, conduisant à «une colonisation idéologique» qui, au lieu de favoriser l’unité et la paix, menace «la dignité humaine» et crée «des divisions entre les cultures, les sociétés et les États». Il faut, rapporte-t-il, grandir sur les bases d’une juste compréhension de la fraternité universelle et du respect de la sacralité de toute vie humaine de tous, sans distinction. «Les principes de fraternité humaine et de solidarité doivent à nouveau être au centre de notre travail», a-t-il lancé.

Mgr Ettore Balestrero espère qu’au cours des travaux du Conseil des droits de l’homme, les violations persistantes des droits fondamentaux seront identifiées et traitées, que les causes profondes seront déterminées, et que des mesures actives seront prises pour y mettre fin.

Stanyslas Asnan